Vous êtes plutôt Circular Monday, Green Friday ou Black Friday?

Vous avez déjà entendu parler du Circular Monday ou du Green Friday ? Ces événements qui se veulent vertueux tentent de contrer la folie de consommation qu’entraîne le Black Friday. Mais au-delà du bien fondé environnemental de ces deux évènements, la question se pose pour certains marchands d’avoir à écouler leur stock. Alors qu’apportent réellement ces évènements ? Les retombées d’images vertueuses peuvent-elles être supérieures aux retombées économiques que le Black Friday apporte toujours ? Les consommateurs y trouvent-ils leur compte ? Et vous comment jugez-vous ces initiatives ?

Dilemme pour les marchands en temps de crise

Il faut dire que les chiffres parlent d’eux-mêmes. Shopify a publié une étude en Octobre indiquant que 74% attendent le Black Friday pour y faire leurs emplettes avec un budget moyen de 182€. En 2022 le budget moyen était de 160€. Cette augmentation serait due à un désir des consommateurs d’acquérir des produits de meilleur qualité et qui durent plus longtemps. Rappelons que pour les marchands, le Black Friday représente en moyenne 25% du chiffre d’affaires annuel, ce qui n’est pas rien. On comprend mieux le choix difficile d’un commerçant entre augmenter ses ventes et adopter une comportement vertueux…

Le mouvement grandit…mais doucement

L’an dernier, ce sont environ 1500 entreprises ou marchands qui ont rejoint un autre collectif « Make Friday green again » contre 700 en 2019. Le nombre a doublé en 3 ans mais reste tout de même peu significatif comparé aux milliers de marchands qui constituent une puissance de feu sans égal du Black Friday.
Certaines entreprises ont quand même décidé de ne rien vendre ce jour là et parient sur le fait que certains consommateurs viendront chez eux pour cette cohérence de leur choix. D’autres ont décidé, au contraire, d’utiliser le moment médiatique pour placer des produits éco-responsables et plus respectueux de l’environnement. Ainsi les reconditionneurs de produits high-tech, comme les Smartphones, tablettes etc…profitent du Black Friday pour faire des promotions et faire adhérer les consommateurs à leurs valeurs. Pour certains acteurs c’est une stratégie de positionnement sur le long terme si on peut se le permettre. Mais pour des marketplaces comme Cdiscount dont la santé financière est en péril, il n’est pas question de rater cet évènement commercial annuel car il faut coute que coute vider les stocks excédentaires. Dans un contexte économique ou le pourvoir d’achat baisse et avec une inflation galopante certains acteurs n’ont pas le choix et le Black Friday leur offre ce second souffle si important à leur équilibre financier.

Le secteur de la téléphonie pionnier de l’anti-Black Friday

Les ventes de téléphones neuf baissent et dans le même temps les ventes de téléphones reconditionnés augmentent. Les consommateurs seraient-ils devenus vertueux au point de boycotter les produits neufs ? Nous aurions bien aimé vous répondre par l’affirmative mais la principale motivation reste le prix. En effet, l’achat d’un téléphone neuf atteint des niveaux historiques, certains modèles flirtent avec les 2000€ et la décote est rapide. Prenons l’exemple d’un iPhone 15 Pro Max 1 To qui vaut aujourd’hui 1979€ neuf. On peut estimer que le prix de reprise de l’iPhone 15 Pro Max ne sera que de 1200€ environ dans un an. Il y a encore quelques années, on changeait en moyenne de téléphone tous les 18 mois aujourd’hui c’est plutôt 36 mois et c’est tant mieux ! Les industriels du reconditionnement ont bien senti le changement et le reconditionné devient de plus en plus la norme. Et c’est tant mieux quand on sait que pour fabriquer un téléphone neuf les matières premières nécessaires à son élaboration sont importantes.

Rendre le Black Friday plus vertueux ?

Pour les plus malins, il est opportun de profiter du tapage médiatique autour du Black Friday et y faire la promotion d’articles de seconde main. Cette stratégie s’avère celle suive par bon nombre d’acteurs du reconditionné qui avec le temps pourraient transformer le Black Friday en un « Fair Friday ».
De fait, les initiatives ne manquent pas pour dénoncer les abus du Black Friday et de sa consommation effrénée. De nombreuses études ont révélé que bon nombre de promotions ne le sont pas. Les faux prix barrés, les -80% et autres artifices font de moins en moins rêver et s’avèrent souvent mensongers.
Il est intéressant de noter le comportement de certaines marques comme Free l’opérateur. Pour lui, le Black Friday devient le Black Free Days. Il ne s’agit plus d’un seul jour mais carrément d’une semaine complète et comble de l’ironie dans son blog, Free publie au même moment un article du magazine GEO en date du 20 Novembre 2023 faisant la promotion du Green Friday…oui oui vous avez bien lu ! De quoi devenir schizophrène.

Il n’est pas facile de changer les modèles existants

A l’image de Free cité plus haut, on constate la difficulté de combiner développement durable / consommation raisonnée et le fait de délivrer des résultats pour continuer à faire vivre l’entreprise si celle-ci n’a pas été fondée sur le principe d’économie circulaire. Les gros retailers n’ont pas encore trouvé la martingale et la transformation est lente. On peut se réjouir des initiatives de ces journées anti-Black Friday dont le mouvement grandit chaque année mais il reste encore beaucoup de chemin à faire.